En 2021, près du quart (plus précisément : 23 %) de la population canadienne était constituée d’immigrants reçus et de résidants permanents, nous apprenait Statistique Canada mercredi en dévoilant des données tirées du dernier recensement. C’est un record pour le pays — le précédent sommet datait de 1921 (22,3 %) —, et cela place aussi le Canada au premier rang des pays du G7 en la matière. Cette proportion ira d’ailleurs croissante : on prévoit qu’en 2041, de 29,1 % à 34 % de la population sera composée d’immigrants. Statistique Canada note également qu’entre le dernier recensement et le précédent (2016), les immigrants ont représenté 80 % de la croissance de la population active.
Après avoir soutenu en campagne électorale que l’immigration était une menace pour le français et la cohésion nationale, après avoir maladroitement associé l’enjeu à la violence, après avoir déclaré que parler d’immigration était tellement compliqué qu’il valait mieux ne pas le faire, voilà que François Legault change de ton et de vocabulaire par rapport à ce sujet.
« Dans le mandat qui commence, je veux qu’on aborde l’enjeu de l’immigration comme une solution pour l’avenir du français plutôt que comme un problème », a-t-il dit quelques minutes après avoir formé son conseil des ministres, la semaine dernière. « On va se concentrer sur l’ajout à la majorité francophone. »
On peut souligner qu’il appartient surtout à M. Legault de mettre en pratique cette directive — dans la mesure où il a fait précisément le contraire pendant toute la campagne électorale, de son propre chef et à répétition. Mais si l’on ajoute la volonté de parler de l’immigration d’une manière positive à la nomination de Christine Fréchette comme ministre du dossier, on voit là les fondements d’un réel nouveau départ pour le gouvernement relativement à ce sujet. Et c’est tant mieux, parce qu’il est évident que la question de l’immigration sera au cœur du mandat qui commence : aussi bien l’aborder de la bonne façon.