Il n’y avait aucun député péquiste à l’Assemblée nationale pour l’ouverture de la 43e législature, mardi. Ils n’étaient pas présents non plus mercredi pour le discours d’ouverture du premier ministre François Legault. Et ils se sont fait interdire l’entrée au Salon bleu jeudi matin, parce qu’ils n’avaient pas prêté serment au roi Charles III. Il s’agit là d’une condition essentielle pour pouvoir siéger, a réitéré sans ambiguïté la nouvelle présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, pendant que les péquistes récalcitrants rebroussaient chemin. En résumé : elle « souscrit entièrement » à la décision étoffée prise par son prédécesseur (François Paradis, qui avait émis un avis à ce sujet quelques semaines après l’élection) ; il va falloir un projet de loi pour rendre facultatif le serment au roi (Québec solidaire en a déposé un jeudi) ; et « cette décision est finale et sans appel ». La présidente Roy a ajouté qu’elle « souhaite que la présente décision mette un terme au débat sur les conséquences de ne pas prêter le serment d’allégeance et que les députés qui ont choisi de ne pas le prêter se gouvernent en conséquence »…
Le discours d’ouverture prononcé mercredi par François Legault ne contenait rien de bien différent de celui qu’il avait présenté en octobre 2021. Des ajustements dans les priorités (il lui a fallu une heure avant de parler de santé, alors que c’était au cœur du discours de 2021), quelques thèmes qui n’étaient pas une préoccupation il y a un an mais qui s’imposent désormais (l’inflation), une ligne pour citer Winston Churchill cette année plutôt que John F. Kennedy l’an dernier… Le texte résumait bien l’esprit de la campagne électorale caquiste, cette idée qu’il faut « continuer » à travailler sur une foule de dossiers qui restent en chantier.
Si on recule jusqu’en 2018 et au premier discours d’ouverture prononcé par François Legault, on trouve là aussi de grandes similitudes autour des objectifs généraux (en oubliant évidemment le passage qui plaidait pour une réforme du mode de scrutin…). On notera cependant des différences majeures dans l’importance accordée aux thèmes de l’immigration, de l’avenir du français (il n’en avait pas parlé en 2018, alors que ce fut un élément central de sa présentation de mercredi) et des changements climatiques.
Sur ce dernier point, le premier ministre tient toutefois une sorte de double discours. D’un côté, il fait valoir la nécessité d’avoir un « Québec plus prospère et plus vert » — les deux thèmes allant de pair dans sa vision qui s’articule autour de l’idée que la transition énergétique est une grande occasion d’affaires. Il faut accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre, dit-il. Fort bien. Mais par ailleurs, il s’empresse de « mettre les choses en perspective » et d’affirmer que le « Québec est déjà un leader » et un « premier de classe » (lorsqu’on le compare aux mauvais exemples que sont le reste du Canada et les États-Unis), ce qui envoie le message qu’on ne peut pas — ou ne doit pas — en demander beaucoup plus à une province qui en fait autant.