INTERVIEW MÉDIASTÉRIEN
La formation en ligne
Avec Romain Petit et Manon Meunier-Carus
Ce mois-ci, nous avons révisé le format de l'interview et nous vous proposons des bribes de conversation sur la thématique de la formation en ligne.
Votre activité aujourd’hui
Romain Petit
« Issu d’une formation informatique, je suis développeur web de métier. J’anime des formations au développement web, dont certaines en format hybride : qui mixent distanciel et présentiel. Je travaille avec le Campus Numérique in the Alps, Grenoble Ecole de Management, et depuis un an et demi je propose des formations pour les entreprises. »
Manon Meunier-Carus
« Je fais essentiellement de la conception et de la réalisation de modules e-learning. Je travaille pour des entreprises de plusieurs secteurs : domaine médical, cosmétique, pétro-chimie. »
Un moment marquant de votre parcours
Manon
« J’ai découvert la formation à distance à l’étranger. Le mode d’éducation anglo-saxon, notamment à l’université, est beaucoup plus axé sur la formation à distance : on te fournit les contenus de cours avant le cours, tu les étudies chez toi avec des ressources qui te sont fournies. Les cours sont destinés à être des échanges autour des questions que tu peux te poser. J’ai trouvé ça intéressant comme fonctionnement : en rentrant de ce séjour à l’étranger, j’ai trouvé un master didactique des langues et ingénierie pédagogique à l’université de Grenoble. »
Romain
« On a lancé une formation qui a duré pendant 2 ans qui s’appelle Data Asperger, en partenariat avec GEM. Cette formation était hybride : le public était réparti dans toute la France, la moitié de la formation était en présentiel et la moitié à distance. Cette formation m’a permis de changer la façon dont je faisais de la formation : on mettait déjà en place des outils qui permettaient aux apprenants d’être autonome, et le fait de passer en distanciel a renforcé cela. Puisqu’on n’était pas là avec eux : ils devaient absolument être autonomes. » (Romain)
Un exemple de réalisation
Manon
« J’ai travaillé pour Clarins, la marque de cosmétique. Leur demande était d’initier leur public R&D : j’ai réalisé un module e-learning sur la peau. L’expert métier était un biologiste et il m’a fourni un contenu autour duquel on a monté un scénario. J’ai travaillé avec une agence avec qui on a conçu une vidéo animée, que l’on a personnifié : la peau c’est comme une maison, il y a plusieurs couches protectrices qui ont chacune leur rôle.
Ensuite, il y a eu une demande de diffuser à plus large échelle ce module, notamment auprès des conseillers clientèle en magasin. Il a fallu l’adapter au format mobile et le traduire en une quinzaine de langues. »
Les bons côtés de la formation en ligne
Romain
« Ça a créé des conditions de travail où les apprenants étaient beaucoup moins dérangés par les bruits parasites d’une salle de cours. Ça les a permis de se focaliser plus sur le sujet, tout en ayant des formateurs pour les débloquer sur des sujets quand ils en avaient besoin. »
Manon
« C’est intéressant d’exploiter les technologies numériques à destination de l’apprentissage, notamment au niveau de la flexibilité. Maintenant tu peux suivre une formation diplômante et 100% digitale. En termes d’opportunité de changer de vie, de changer de métier, ça ouvre des portes qui sont vraiment intéressantes. Je peux me former à quelque chose sur mon temps perso tout en continuant mon ancien job. »
Mais le tout numérique a ses limites
Romain et Manon :
« En terme pédagogique, ça a ses limites, je ne suis pas pour le tout numérique. En termes d’isolement, de motivation, ça peut très rapidement porter préjudice. En tous cas ça donne un élan. Je peux commencer à apprendre quelque chose tout seul de chez moi, c’est un bon démarreur. Mais c’est aussi le revers de la médaille : tu peux avoir envie de démarrer plein de trucs sans aller au bout. »
Quelques digressions et impressions sur le rôle du formateur
Romain
« Le cœur de mon métier, c’est plutôt de motiver les personnes à faire la même chose. Ce qu’il faut, c’est un petit peu de transmettre, mais surtout de partager à quel point le développement web est un métier sympa, pour que les gens aient envie de se projeter. Je forme sur des métiers sur lesquels il y a besoin d’avoir des personnes qui vont continuer à apprendre par elles-mêmes. J’ai l’impression que j’aide les gens à se motiver pour faire un métier qui va sûrement leur plaire. »
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